Découvrez les erreurs fréquentes que font les écrivain(e)s et comment les éviter pour améliorer votre roman.
L'écriture d'un roman est un processus complexe qui nécessite de la réflexion, de la créativité et une bonne maîtrise de la narration. Cependant, de nombreux écrivain(e)s commettent certaines erreurs qui peuvent nuire à la qualité de leur œuvre.
1. Commencer le roman en donnant trop d'informations
Certains auteurs ont tendance à vouloir expliquer tous les détails de leur monde dès le début de l'histoire ou à donner trop d'éléments au sujet de leurs personnages.
Cependant, cela peut être décourageant pour le lectorat qui se sent submergé par un flot d'informations.
Au lieu de cela, il est préférable de commencer en plein cœur de l'action en montrant votre personnage en train de faire ou d'accomplir quelque chose.
Par exemple, au début de 1984 de George Orwell, le personnage principal est en train de rentrer chez lui. Il pousse la porte de son appartement et son télécran est à plein volume, donc il le baisse. Il regarde par la fenêtre et il voit une affiche de Big Brother que le narrateur nous décrit de façon vivante.
Il n'y a aucun discours informatif pour expliquer comment fonctionnent le monde et la politique locale. On le déduit au fur et à mesure, en suivant le personnage et en observant comment il se comporte dans son environnement ainsi qu'avec les autres personnages.
De même pour la psychologie d'un personnage, on va apprendre à le découvrir au fur et à mesure grâce à ses actions et aux informations distillées tout au long du récit.
2. Changer de focalisation d'une phrase à l'autre ou d'un paragraphe à l'autre
Une autre erreur fréquente chez les écrivains est de changer fréquemment de point de vue au sein d'une scène. Cela peut créer de la confusion pour le lecteur, qui peut avoir du mal à suivre l'action et à comprendre qui pense quoi.
Il est possible d'avoir plusieurs points de vue dans un roman, mais il est préférable de les séparer dans des chapitres distincts.
À noter qu’il existe un autre type de narrateur : le narrateur omniscient. Il connaît les personnages dans les moindres détails. Il peut avoir accès aux pensées et aux émotions de chacun d’entre eux. Il connaît leur passé, leur présent et leur futur, et il en sait même parfois plus que les protagonistes eux-mêmes.
Très populaire dans les romans du XIXe siècle, ce n’est pas forcément un narrateur facile à maîtriser. C’est peut-être la raison pour laquelle on ne le trouve plus trop aujourd’hui, ou alors de façon subtile, presque imperceptible.
3. Ne pas donner de repères temporels au lecteur
Les repères temporels jouent un rôle crucial dans un roman, car ils aident le lecteur à se situer chronologiquement dans l'histoire.
En donnant des repères temporels, vous permettez au lecteur de s'immerger davantage et de mieux comprendre les événements.
Le lectorat doit être capable de comprendre :
à quelle époque se déroule l'histoire ;
à quelle période de l'année ou de la journée se déroule la scène ;
combien de temps s'écoule entre chaque scène (pour savoir à quel rythme progresse l'intrigue).
4. Considérer le premier jet comme la version finale
Certain(e)s écrivain(e)s pensent que leur roman est terminé dès qu'ils ont écrit le point final, mais c'est une erreur. Le premier jet sert avant tout à vous raconter l'histoire à vous-même.
Stephen King parlait d'écrire la porte fermée et de corriger la porte ouverte.
Autrement dit, vous devez d'abord dérouler votre histoire jusqu'à son dénouement en vous fichant des incohérences, des inexactitudes, des maladresses, etc.
Une fois que vous avez terminé cette étape, faites une pause et ne touchez plus à votre manuscrit pendant au moins un mois. Il est important de prendre du recul et de se laisser le temps d'oublier son récit pour y revenir avec un regard beaucoup plus objectif.
Vous pourrez alors procéder à la réécriture. Mettez-vous à la place du lectorat et supprimez les incohérences, les maladresses, les redondances et les inexactitudes.
La réécriture vous permet de peaufiner votre manuscrit pour qu'il atteigne son plein potentiel.
5. Expliquer au lieu de montrer
Une autre erreur fréquente est de simplement expliquer les actions et les émotions des personnages, plutôt que de les montrer au lectorat.
Pour éviter que le manuscrit soit une succession d’anecdotes qui n’ont pas beaucoup d’intérêt, il faut montrer au lieu d’expliquer. Il s’agit d’une méthode que les anglophones appellent le "show don't tell".
L'approche du "show don't tell" consiste à écrire des scènes en se concentrant sur les actions, les sensations et les émotions du protagoniste, permettant ainsi au lectorat de vivre l'expérience de manière sensorielle et immersive.
Au contraire, expliquer revient à faire un résumé, à dire directement au lectorat ce qu'il devrait comprendre sans lui transmettre aucune émotion. On se contente des faits.
Évitez de simplement expliquer ce que font les personnages, mais décrivez plutôt leurs réactions émotionnelles, leurs pensées, leur langage corporel et leurs intonations pour donner vie à leurs émotions.
Cela suscitera une résonance émotionnelle chez le lecteur et renforcera l'impact de votre histoire.
Voici un exemple de texte expliqué :
Ce matin, Claire devait préparer le sandwich de ses enfants. Elle n'avait même pas le temps de boire le café qu'elle venait de faire couler. Ces temps-ci, elle se sentait stressée. Elle renversa sa tasse par accident et en ramassant les morceaux, elle se mit à pleurer.
Voici un exemple de texte montré (par Bastien Garcia) :
Le four affichait déjà presque 8 h sans que Claire eût trouvé le temps de boire son café. Elle savait bien que celui-ci trouverait difficilement son chemin dans sa gorge nouée par le stress quotidien. Comme chaque matin, ses gestes étaient rapides, coordonnés, pressés. Les enfants étaient encore dans leur chambre en train de s’habiller. Débordée par tout ce qu’il restait à faire, elle jetait souvent un œil sur la porte du four qui semblait incapable de ralentir le temps. Au contraire, les minutes semblaient s’écouler de plus en plus vite à mesure que 8 h se rapprochait. Une tranche de jambon, deux tranches de pain, les petits n’auraient pas de beurre aujourd’hui, pas le temps. Claire était déjà dans la voiture, et elle accélérait, ralentissait, prenait ce raccourci plutôt que celui-là. Mais tout cela ne se passait que dans sa tête. Perdue dans ces pensées, elle renversa sa tasse de café d’un revers de main en se retournant dans sa cuisine. Une maladresse qu’elle se pardonna rapidement dans un souffle exaspéré. Elle s’agenouilla vite pour en ramasser les morceaux, mais prise ainsi au piège, seule à seule avec son reflet qui lui apparaissait désormais dans ce café encore fumant sur le carrelage, elle se vit pleurer, sans sentir pourtant la froideur des larmes sur ses joues.
Dans le second texte, on décompose l'action, on met l'accent sur les réactions du personnage et on s'intéresse à son comportement. On prend le temps de décrire l'instant de façon vivante et immersive. De cette manière, le lectorat comprend l'état d'esprit du personnage sans que l'auteur ait besoin de lui expliquer.
Attention tout de même ! Il n’est pas possible de toujours montrer. Parfois, il va être préférable d’expliquer, car on ne peut pas systématiquement tout détailler. Il y a des moments moins importants que d’autres et expliquer permet de gagner du temps sur certains sujets, de faire des raccourcis.
Conclusion
L'écriture d'un roman demande du travail, de la révision et une attention particulière aux détails. En évitant les erreurs courantes, vous pourrez améliorer la qualité de votre récit et captiver davantage votre lectorat.
Faites attention à la focalisation, ne donnez pas trop d'information au début de votre roman, prenez le temps de réviser, d'affiner, de donner des repères temporels et de montrer les actions et les émotions de vos personnages, et vous verrez votre roman prendre vie d'une manière puissante et captivante.
Vous pouvez également écouter l'épisode de podcast associé à cet article :
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