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4 erreurs à éviter au début de votre roman

L'introduction de votre roman est importante. Elle sert à capter l'attention du lecteur, mais aussi celle de votre futur éditeur.


femme qui lit sur un banc

Dès les premières pages, votre lectorat va décider s'il a envie d'en apprendre plus sur votre histoire. C'est la raison pour laquelle il est indispensable de réussir son entrée en matière.


Avant de donner des conseils pour écrire un premier chapitre qui captivera votre public, voyons quelles sont les erreurs que beaucoup d'auteurs et autrices font au début de leur roman.


Cependant, vous verrez aussi que je vais apporter de la nuance, car il est possible de faire ces erreurs à condition qu'elle soit justifiée et maîtrisée.


Erreur n° 1 : commencer votre histoire par un personnage qui se réveille


Certains auteurs et certaines autrices choisissent de commencer leur roman en suivant le personnage dès son réveil. Le but est souvent de montrer sa routine pour permettre au lectorat de le découvrir.


Malheureusement, ce choix narratif n'est pas suffisant pour capter l'attention.


D'une part, il est difficile de prendre plaisir en imaginant un personnage dont la journée est aussi ordinaire que celle de n'importe qui. Le lectorat pourrait avoir du mal à comprendre pourquoi il devrait avoir de l'intérêt pour cette personne en particulier.


D'autre part, cela ne dit pas de quoi parle l'histoire. Pourquoi le public aurait-il envie de connaître la suite si aucun événement ne vient susciter sa curiosité ?


Le lectorat a envie de lire un livre pour s’évader, faire une expérience émotionnelle et vivre des aventures par procuration. S'il ne trouve pas ce qu'il cherche dès les premières lignes, il est libre d'arrêter sa lecture.


Pourtant, commencer son récit en montrant un personnage qui se réveille n'est pas une mauvaise idée si vous mettez l'accent sur la caractérisation des personnages, leur relation, et si une péripétie vient capter l'attention du lectorat.


Dans le tome 1 de Hunger Games, écrit par Suzanne Collins, Katniss vient de se réveiller, et nous allons voir pourquoi la scène fonctionne.


« À mon réveil, l'autre côté du lit est tout froid. Je tâtonne, je cherche la chaleur de Prim, mais je n'attrape que la grosse toile du matelas. Elle a dû faire un mauvais rêve et grimper dans le lit de maman. Normal : c'est le jour de la Moisson. »

Il y a un élément perturbateur : le fait que Prim devrait se trouver dans le lit et qu'elle n'y est pas. Cela ne semble pas habituel.


On comprend également que « la Moisson » est un événement suffisamment effrayant pour susciter de « mauvais rêves », et le mystère qui plane autour de cette révélation donne envie d'en apprendre plus.


Enfin, on sait que l'héroïne a de l'affection pour sa sœur, puisque sa première pensée au réveil est pour elle. Par ailleurs, bien que cela ne soit pas mentionné, le fait qu'il s'agisse de sa sœur ne fait aucun doute puisqu'elle mentionne « le lit de maman ».


Erreur n° 2 : commencer votre histoire par un dialogue


En commençant par un dialogue, les auteurs et les autrices peuvent avoir l’impression de rendre leur roman dynamique : il y a des échanges, donc on montre qu’il se passe quelque chose. Or, cela peut créer de la confusion.


En effet, le lectorat ignore qui sont les personnages. Il ne sait pas qui parle, il ne peut pas non plus visualiser où se déroule l'action ni quand elle se déroule.


Si vous tenez à ouvrir le récit sur une conversation, faites en sorte que l'échange soit bref et n'oubliez pas de donner du contexte en suivant l'exemple de L'Élégance du hérisson de Muriel Barbery :


« — Marx change totalement ma vision du monde, m'a déclaré ce matin le petit Pallières qui ne m'adresse d'ordinaire jamais la parole. Antoine Pallières, héritier prospère d'une vieille dynastie industrielle, est le fils d'un de mes huit employeurs. Dernière éructation de la grande bourgeoisie d'affaires — laquelle ne se reproduit que par hoquets propres et sans vices —, il rayonnait pourtant de sa découverte et me la narrait par réflexe, sans même songer que je puisse y entendre quelque chose. »

Ici, l'autrice ne retranscrit pas tout l'échange, mais un passage clé qui se charge de donner du contexte et de faire passer des messages.

On comprend que :

  • la conversation rapportée a eu lieu le matin, donc l'histoire commence certainement un peu plus tard dans la même journée ;

  • les protagonistes vivent et/ou travaillent dans un milieu bourgeois ;

  • le jeune Pallières n'est pas proche de la personne à laquelle il s'adresse puisqu'il ne le fait jamais d'habitude, et il est sous-entendu qu'il pourrait avoir des préjugés sur l'érudition de celle-ci, peut-être même qu'il voudrait se montrer supérieur ;

  • il lit également Marx, ce qui évoque une certaine forme d'érudition et de curiosité, mais également un décalage humoristique par rapport à sa condition bourgeoise ;

  • la narratrice a une vision précise et peu glorieuse de la grande bourgeoisie pour laquelle elle travaille.


Enfin, il faut également souligner que cet extrait montre sans expliquer, ce qui est un parfait exemple pour l'erreur que je m'apprête à expliquer.


Erreur n° 3 : commencer son roman en donnant trop d'explications


Muriel Barbery aurait pu commencer son roman en écrivant que Renée était concierge dans un immeuble bourgeois, qu'elle était plus cultivée qu'elle n'en avait l'air, que ses employeurs lui accordaient peu d'attention et qu'ils allaient peut-être même jusqu'à mépriser sa condition, mais l'incipit permet de faire passer tous ces messages sans expliquer.


L’erreur fréquente dans un premier chapitre est de vouloir absolument tout dire sur les personnages ou sur l'univers.


Vous devez garder à l'esprit que vous avez le temps. Un roman est suffisamment long pour vous permettre de distiller les informations tout au long du récit, vous n'avez pas besoin de tout mettre dans les premières pages. De plus, il y a peu de chance que votre lectorat arrive à tout retenir de toute façon.


Enfin, votre lectorat doit comprendre votre monde et vos personnages à la façon dont ils se comportent. Vous ne devez pas oublier qu’il aime aussi comprendre les choses par lui-même.


Erreur n° 4 : ne commencez pas votre histoire avec un personnage secondaire qui n’est pas le héros


Si vous commencez par décrire un personnage qui n'est pas le héros, vos lecteurs risquent de le prendre pour le héros.


Imaginons que vous écriviez un premier chapitre accrocheur avec un personnage que les lecteurs et les lectrices ont vraiment envie d'apprendre à connaître, mais qu'il disparaisse à partir du chapitre deux ou qu'ils réalisent qu'il s'agit d'un personnage secondaire. Vous allez beaucoup les décevoir.


Pourtant, l'un des livres les plus connus ne suit pas cette règle :


« Mr et Mrs Dursley, qui habitaient au 4, Privet Drive, avaient toujours affirmé avec la plus grande fierté qu'ils étaient parfaitement normaux, merci pour eux. Jamais quiconque n'aurait imaginé qu'ils puissent se trouver impliqués dans quoi que ce soit d'étrange ou de mystérieux. Ils n'avaient pas de temps à perdre avec ces sornettes. »

Dans Harry Potter à l'école des sorciers, l'autrice ne commence pas l'histoire du point de vue de Harry. Elle choisit celui des Dursley, en nous donnant des indices sur leur personnalité avec un ton exagérément poli.


Pourquoi l'incipit fonctionne-t-il ?

  • Les Dursley n’ont clairement pas les qualités de héros d’un livre pour enfants. On ne s’attache pas et on peut aussi se douter qu’ils ne sont pas les personnages principaux de l’histoire.

  • Il donne des éléments de contexte nécessaires pour appréhender l'univers.

  • Le monde des Dursley contraste avec le monde de la magie. Ce contraste rend celui-ci encore plus extravagant et grandiose aux yeux de Harry ainsi qu'aux yeux du lectorat.

  • Comprendre la personnalité des Dursley permet de mieux comprendre l'atmosphère dans laquelle a grandi le héros et son état d'esprit.


On peut également noter que cette fois encore, l'autrice montre qui sont les personnages et comment fonctionne le monde au lieu de l’expliquer.


En conclusion : Comment bien commencer un roman ?


Commencer par une action ou une péripétie.


Il s'agit d'un excellent moyen de capter l'attention en donnant un objectif à votre personnage dès les premières lignes.


Pas besoin de commencer par quelque chose d'extraordinaire, comme un meurtre ou une explosion. Il suffit de montrer votre personnage en train de faire ou d'accomplir quelque chose.


N'oubliez pas de présenter l'action dans son contexte. Tous les éléments qui ne servent pas à expliquer la scène pourront être mentionnés dans les chapitres suivants.


Commencer par une description vivante.


La description sert à créer une atmosphère qui va immerger le lectorat dans le roman et lui transmettre des émotions.


Cependant, attention à ne pas faire une description trop statique.


Vous devez faire en sorte que le décor prenne vie. N'hésitez pas à retranscrire le mouvement, utilisez vos cinq sens et parlez du ressenti des personnages.


Réécrivez votre premier chapitre en fonction de la fin.


Après avoir terminé votre histoire, relisez votre premier chapitre pour voir s'il correspond toujours à ce que vous avez rédigé.


Vous avez peut-être revu certains détails durant l'écriture. Accordez de l'attention aux personnages et aux éléments de contexte mentionnés afin d'éviter les incohérences.


En résumé, votre premier chapitre doit :

  • susciter la curiosité pour faire en sorte que le lecteur se pose des questions et ait envie d'en apprendre plus ;

  • présenter le ou les personnages principaux pour lui permettre de s'attacher et de s'investir dans l'histoire ;

  • expliquer le contexte pour éviter de le rendre confus ;

  • entrer directement dans le vif du sujet pour créer du rythme et éveiller l'intérêt ;

  • être cohérent avec le reste de l'histoire.


Dans cette liste, y a-t-il des erreurs que vous avez commises ? Lesquelles vous semblent les plus difficiles à éviter ?


Retrouvez l'épisode de podcast auquel cet article est associé :



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